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Dag50
19 juin 2013

Prologue de ST JEAN et lois ontologiques

aigle de st jean

Le Projet Divin révélé au Cœur du Prologue de St Jean

 

Evangile de St Jean

Prologue (1-15) et Commentaires

 

1Au commencement était le Verbe                                          

Et le Verbe était auprès de Dieu.

2 Il était au commencement auprès de Dieu.

3 Tout fut par lui,                                                                       

Et sans lui rien ne fut.

4 Ce qui fut en lui était la vie,                                                

Et la vie était la lumière des hommes,

5 et la lumière luit dans les ténèbres

Et les ténèbres ne l’ont pas saisie.

 

6 Il y eut un homme envoyé de Dieu ;                                      

Son nom était Jean.

7 Il vint pour témoigner,

Pour rendre témoignage à la lumière,

Afin que tous crussent par lui.

8 Celui-là n’était pas la lumière,

Mais il avait à rendre témoignage à la lumière.

 

9 Il était la lumière véritable,                                                     

Qui éclaire tout homme,

Venant dans le monde.

10 Il était dans le monde,

Et le monde fut par lui,

Et le monde ne l’a pas reconnu.

11 Il était chez lui,

Et les siens ne l’ont pas accueilli.

12 Mais à tous ceux qui l’ont accueilli,                                      

Il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu,                       

A ceux qui croient en son nom,

13 eux qui ne furent engendrés ni du sang,

Ni d’un vouloir de chair,

Ni d’un vouloir d’homme,

Mais de Dieu.

14 Et le Verbe s’est fait chair                                                

Et il a campé parmi nous,

Et nous avons contemplé sa gloire,

Gloire qu’il tient du Père comme Unique-Engendré,

Plein de grâce et de vérité

 

Genèse 1.1 : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme et un souffle de Dieu agitait la surface des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit » et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres… ».

6 jours de création, 1 jour de shabbat …

 

 

 

Introduction

 

Le Prologue de l’Evangile de Jean est d’une grande Beauté. Le Mystère nous est donné là à contempler. 

Dans cette nouvelle « Genèse », St Jean donne en quelques mots une grande partie du projet divin pour l’homme, que le Christ, en s’incarnant parmi nous, vient nous révéler.

Car il y a bien une Révélation dans ces lignes, et sa lecture dans le texte d’origine à partir du Grec, mais aussi de l’hébreu, nous permet de mieux comprendre ce qui est sous-jacent. J’utiliserais également au cours de cette étude quelques notions de la vision taoïste sur la création pour essayer de mieux comprendre en quoi le Prologue de Jean a une dimension universelle.

 

Après en avoir fait une lecture contemplative, et ceci appartient à chacun, je me propose donc ici de faire une étude, verset par verset, et ceci dans un but précis : en faire ressortir les Lois Ontologiques (du grec onto : « être « , l’étude de lois définissant « l’être en tant qu’être » , Aristote)  c’est à dire « les lois de la vie » que nous devons connaître en tant que Sagesse Universelle.

 

Car l’étude de la Bible, dans son ensemble nous permet de mieux connaître ces Lois Ontologiques qui régissent notre personne, nos relations, et notre relation à Dieu puisque la Bible en tant que révélatrice de la Parole de Dieu, nous permet de comprendre le projet divin inscrit en l’homme, dans la création et ceci dès le Commencement.

 

J’essaierai de démontrer qu’en chaque être se trouve inscrite la Parole de Dieu, que nous avons tous consciemment ou inconsciemment la nostalgie de notre état originel, et que la quête de notre Graal est de retrouver ce chemin de l’Origine, celui qui nous lie au Divin afin d’accéder à la promesse eschatologique de St Jean, la Vie Eternelle, qui peut nous être en partie dévoilée lorsque notre Cœur se tourne vers le Mystère, pour nous approcher de l’Unité.

Nous sommes libres de partir, ou pas, suivre cette Quête initiatique. Choisir de suivre ce chemin, c’est choisir » la Vie » comme il est écrit « Vois, j’ai placé devant toi la Vie et la mort, le Bien et le Mal, choisis la Vie » Deut 30, 15-20 .

En cela, la lecture des écritures avec les « yeux du Cœur » nous donnent les clés.

 

Puissions-nous passer, en toute humilité et adoration pour notre Dieu, la porte étroite.

 

Pour  ne pas alourdir, le texte, j’ai choisi de faire figurer à la fin de cette étude, les différents ouvrages dont je me suis inspirée (hormis les références concernant les passages de l’Ecriture).

 

Commentaires :

 

 

Depuis toujours la lecture de ce prologue a provoquée en mon être une profonde émotion. J’y pressentais, présente, une grande force. Une force qui touchait tout mon être et mon cœur.

 

Une nuit, alors que je dormais je fus « à demi éveillée » et le Seigneur « m’envoya » comme dans un songe la 3ième lettre de l’alphabet hébraïque (guimel ג) que je ne connaissais pas alors. J’entendais alors une voix me disant « cherche à la lettre G de l’alphabet hébraïque ».

Je le fis dès le lendemain matin pour découvrir que « guimel » a entre autres significations celle d’un pont qui unit deux espaces, puissance de bienveillance, la bonté Hessed liée à Din, jugement ; dont la valeur est 3 . Guimel est constituée par un « Vav » (6ième lettre) représentant un homme debout avec un « yod » (10ième lettre) pour ses pieds en mouvement.

J’eu envie à partir de ce moment-là de commencer à chercher à comprendre les écritures à partir de l’hébreu, puis du grec. Bereshit !

 

 

J’ai dit dans l’introduction que je trouvais ce Prologue d’une grande Beauté. Dans la mystique juive, ce mot Beauté, a une vibration qui fait écho à ce qui se passe dans mon cœur à la lecture de l’Evangile de Jean.

En effet, il correspond au terme hébreu  « Tipheret » qui est une « émanation » de Dieu qui synthétise toute la Beauté et l’Harmonie venant sous forme d’information, lumière, énergie (comment le traduire en mot) de Dieu vers l’homme à travers toute la Création.

Son énergie agit comme un point autour duquel tout s’organise, où rien ne peut se faire sans son intervention et qui se place dans le cœur de l’homme.

La Beauté en tant qu’essence selon la vision des mystiques juifs correspond à la sixième lettre de l’alphabet hébraïque, la lettre Vav, une conjonction de coordination qui a comme valeur numérique (l’alphabet hébraïque est un alphabet alpha-numérique) le chiffre 6 .

Tipheret sert d’intermédiaire entre les contraires, on lui attribue deux couleurs qui ont une grande valeur symbolique dans le chemin d’évolution qui est proposé à l’homme : le blanc et le rouge.

En tant que force émotionnelle dans l’homme, elle est la sincérité ou la beauté, l’harmonie, l’équilibre.

C’est le secret de : « Ils feront des vêtements d’Aaron pour la Gloire (Kavod) et la Beauté (Tipheret). Exode 28,2 (tiré du Zohar).

 

Pourquoi ces précisions ? Car pour ceux qui sont touchés dans leur Cœur par les Paroles de l’écriture, une transformation intérieure se fait au cours de la Lectio Divina.

 

 « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu » :

 

 

  1. 1.      Au commencement : Le logos

 

« En archè », au commencement, au principe, à l’origine, au fondement, à la source, à la tête…

Quel mot choisir pour traduire « archè », ce « bereshit » (תבראשי 6 lettres) - premier mot de toute genèse ? Qu’en est –il du commencement ? La question de l’origine est fondamentale de l’homme, elle l’oblige aux racines ; elle le force à l’identification, quel est le lieu d’où tu viens ?

Au commencement, il y a un programme, un projet, une destination. Ce premier mot de la Genèse (« Bereshit ») est tellement riche d’enseignement qu’il justifie à lui seule une autre étude. Nous n’en aborderons donc que quelques lectures possible.

Pourquoi donc approfondir ce terme de Commencement ? Parce qu’il répond à un besoin que l’on a de se tenir dans la proximité de l’Origine  en tant qu’elle aiguise notre conscience et la ramène au présent. Qu’est ce qui nous pose (Fondement : Yessod) dans l’Etre en cet instant ? Qui, en nous pose cette question ?

 

Au commencement : Le Logos.

Le Verbe, Logos, ou « davar » en hébreu peut être traduit par ces notions : intelligence, parole, verbe, information créatrice…

Là encore, traduire c’est réduire. Le logos n’est pas la parole. C’est la Parole créatrice.

Pour les Sémites, la parole et l’évènement ne sont pas séparés. Il s’agit d’une parole en acte, d’un verbe efficace.

Le concept contemporain qui se rapproche le plus c’est « l’information ».

Pour qu’une chose existe, elle a besoin d’être « informée » au sens génétique du terme ; sans cette information, comme le dira St Jean par la suite, rien ne subsiste. Rien ne prend forme.

 

Pour autant, je crois (dans le sens grec : «  j’adhère »), que « la forme n’est pas différente du vide, la forme est vide, le vide est forme » comme nous le dit le Sutra du Cœur du Bouddha. (le Vide et la Forme doivent faire l’objet également d’une autre étude ).

 

Au Commencement, à l’Origine, il y a donc cette Intelligence (Sagesse : Hochmah), cette Parole Créatrice qui « informe » toute chose ; c’est dire que ce qui est premier est de l’ordre de la Relation.

Entre l’Aleph (1ère lettre, symbole de Dieu, qui se situe juste avant le beith (b) de Berechit du Commencement), entre l’aleph donc l’Inconnaissable, et la Création, il y a cette Parole, ce « dialogue » , ce Logos qui pose la dualité et dans le même mouvement appelle et rend possible l’Unité, non l’unité indifférenciée ou fusionnelle, mais l’unité de relation : l’Amour.

 

Sur cette notion de l’Un et du Multiple, la Tradition Orientale établie une continuité : nous ne sommes pas autres que l’Un, chacun de nous a pour vocation de réintégrer l’Unité (cf la Tradition des Pères).

Je ne peux m’empêcher de citer ici le chap 16 du DaodeJing puisqu’il m’a été donné de  séjourner  en Orient: « Parvenus à l’Extrème du Vide, fermement ancrés dans la Quiétude, tandis que Dix mille êtres d’un seul élan éclosent, nous contemplons le retour ».

 

Nous devenons intelligents, selon Héraclite, en aspirant par la respiration ce Logos qui nous « relie » alors à tout ce qui existe ; nous ne sommes plus « séparés » : « Prêtant l’oreille non à moi, mais au Logos, il est sage de dire en accord avec Lui que tout est Un, car la Sagesse est Une : connaitre la Pensée qui dirige tout à travers tout (Panta dia panton). »

C'est là, selon la spiritualité hésychaste, le sens de l'humanité et la raison de l'Incarnation de Dieu : « Dieu s'est fait homme, pour que l'homme puisse devenir Dieu » selon une parole d'Athanase d'Alexandrie.

 

St Jean, parlera de cela tout au long de son évangile ! « Je leur ai donné la Gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’Unité…pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux » Parole du Seigneur - Jean 18, 22-26 .

 

Le Logos est aussi le soutien de l’Univers, son lien (desmos) : « Par son Logos, tout tient ensemble…En un mot : Il est toutes choses » l’Ecclésiaste 43, 26-27 .

Et Philon d’Alexandrie d’ajouter : »Le logos infini du Dieu Eternel est le soutien le plus puissant et le plus stable de la totalité du monde. C’est Lui qui, tendu du centre aux frontières et des extrémités au centre, assure tout au long la course de la nature et la rend invincible, rassemblant toutes les parties et les tenant strictement unies ; car le Père qui l’avait engendré faisait de ce Logos le lien (desmos) de l’Univers, un lien que l’on ne peut briser ».

 

Ainsi, au Commencement (in Principio) Dieu créa les cieux et la terre,

Au Commencement était le Verbe,

Dieu a révélé son nom à Moïse par le divin tétragramme (voir étude séparée) que l’on traduit :

-          “Je suis ce que je suis” (Ehyéh Acher Ehyéh אֶֽהְיֶ֖ה אֲשֶׁ֣ר אֶֽהְיֶ֑ה).

-          Et il dit : “Voici ce que tu diras aux Israélites :

-          [mot à mot] « Je serai qui je serai »

-          (ou, plus métriquement, « que je sois qui je serai ») (Ehyéh) m’a envoyé vers vous.” » — traduction de la Bible de Jérusalem.

-          L’expression est rendue par « Je suis celui qui suis » dans la traduction due à Louis Segond

-          et par « Je suis qui je serai » dans la TOB.

-          La Bible du Rabbinat traduit par « Être invariable »,

-          Theos grec de la Septante. « j’étais, je suis et je serai »

 

Il a donc séparé le monde d’en-Haut et le monde d’en-Bas (mi et ma dans la vision judaïque) en nous envoyant un lien, ce même lien dont parle Isaïe (chap XI) lorsqu’il décrit prophétiquement les 7 dons de l’Esprit sur l’âme du Fils de Dieu fait homme avec l’épisode de la tige (matteh) de Jessé. ( cf également la verge de Moïse et Aaron, mais également l’échelle de Jacob et l’Arbre de Vie…).

 

Ce lien est décrit dans le Zohar (le livre de la Splendeur) que les amateurs pourront aller consulter pour découvrir ses secrets. Ce que je puis dire ici, c’est que nous sommes porteur de l’information du NOM , symbolisé par la lettre YOD du divin Tétragramme, et que c’est cette information que nous sommes amenés à aller chercher au plus profond de nous.

 

Cette information nous a été donnée au commencement comme Dieu le rappelle à Job : « Où est le chemin qui conduit au séjour de la lumière ? Et les ténèbres, où ont-elles leur demeure ? Peux-tu les saisir à leur limite et connaître le chemin de leur mission ? Tu le sais, car alors que tu étais né et le nombre de tes jours est grand. » (Job 38, 19-22).

Que celui qui a des oreilles pour entendre…

« Et je me tenais au milieu entre le Seigneur et vous » (Dt 5,5)

 

« Il n’est que d’écouter dans les profondeurs de son propre principe, de se tenir à l’origine de son souffle, pour entendre ce double écho du Logos : Présence active, information intelligente, aimante, qui nous fonde. « Poesis », qui nous chante et nous façonne dans l’Unité de tous les êtres » (Jean-Yves Leloup).

 

Et c’est l’écoute de la Parole de Dieu, qui nous indique le chemin. Cette Sagesse est universelle. On retrouve en Orient avec Sri Nisargadatta Maharaj cette idée : « L’état primordial n’est pas à conquérir, il est déjà là, il faut simplement éliminer ce qui fait écran ».

 

Lois ontologiques :

-          La Parole de Dieu est créatrice

-          Le Logos est le lien entre Dieu et les hommes

-          Nous devons retrouver le chemin de l’Unité

 

Au commencement : le Logos

Le logos est vers Dieu

(kai o logo èn pros ton théon)

Le logos est Dieu

(Théos èn à logos)

 

« Pros » en grec indique un mouvement, une orientation être « tourné vers quelque chose, quelqu’un ».

Nous avons là comme disent les Anciens, une révélation : celle de l’Uni-Trinité de l’Etre :

Le Logos = le Fils en tant qu’il s’est incarné dans le Fils ; Dieu = le Père, le Créateur ; et le mouvement vers le Père et du Père vers sa création = le Saint Esprit. Cette révélation trinitaire ne brise pas l’unité de l’Un. Elle montre que cette unité n’est pas statique.  Elle nous montre le mouvement à suivre.

Dieu est Un comme l’Amant, l’Aimée, l’Amour sont Un. « Dieu est Amour ». Ainsi, l’Etre est-il mouvement-relation. Et c’est ce mouvement qui est Vie.

L’hébreu dispose d’un alphabet alpha-numérique : les mots « « ehad (Un) et "ahavah " ( Amour) ont la même valeur numérique : chacun 13 , ensemble ils valent 26 : le poids numérologique de YHWH !

Le Nom divin YHWH (26) est donc en même temps "Unité" et "Amour" . Du reste on retrouve cette même guématrie dans  le mot kabod , Gloire , qui vaut 26 comme YHWH.

Et combien pour le mot bereshith (au commencement) selon le mispar katan ? 13 ! (2+2+1+3+1+4).

Divine mathématiques ! Dieu = Unité + Amour et cette information est là depuis le commencement !

 

Celui qui aime s’avance dans la proximité de cette Révélation, car celui qui aime, aime l’autre dans sa différence et le perçoit dans son unité avec lui. Il n’est pas loin du commencement et de la fin « Il demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (Jean 4,16)

 

Tout l’évangile de Jean sera une invitation au retour (metanoïa : retournement, conversion, changement d’esprit. J’ai l’intuition que c’est une symbolique possible du changement de tête (ro’sh) entre Jean-Baptiste et Jésus.

 

Il nous demande d’être fils, c’est-à-dire d’entretenir une relation d’intimité avec ce qui sans cesse nous fonde et nous « origine ». Le Dr Jean-Marc Kespi en parlant de l’archétype « ipséité-altérité, continuité-discontinuité » notion importante en médecine traditionnelle chinoise dit « la vie manifeste un incessant dialogue entre l’Un et le Multiple. En chaque couple, il est deux versants. Celui tourné vers l’Un manifeste l’ipséité comme le trait plein du Yang(_) du Yijing, l’autre exprime l’altérité à l’image du trait Yin (--). L’essentiel est leur relation.

Or, selon la vision chinoise le 2 est symbole de la Terre (tout comme en Occident le 2 est la dualité), et le 3 celui du Ciel (la Trinité) ! Le 5, (2+3) nous parle des 5 mouvements énergétiques (Feu-Eau, Métal- Bois et terre) que l’on retrouve dans l’Univers et qui le constitue, 5 est aussi le Centre.

 

Loi ontologique : la Vie est mouvement, relation. Elle doit être tournée vers le Logos

 

 

  1. 2.      Il est au commencement avec Dieu
  2. 3.      Tout existe par Lui

Sans Lui : rien.

 

« Panta di autou egeneto – kai koris autou egeneto oude èn o gegonen » Littéralement : le tout (panta) a en lui sa genèse (engeneto) et rien n’a de genèse en dehors de lui.

La Vulgate de St Jérôme, sans doute plus proche de l’esprit hébreu, traduit : « Sine ipso factum est nihil » = Sans lui, rien n’est fait. Sans lui : Nihil = Rien !

 

Le logos est sans cesse à l’œuvre pour nous tenir hors du Néant. Se découvrir « crée », c’est découvrir que nous n’avons pas l’Etre par nous-mêmes ; nous sommes des êtres par participation. Sans son amour, nous ne sommes Rien !

Lorsque Maître Eckhart dit que « la créature est un pur néant », cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas, mais qu’elle n’a pas d’existence en soi et pour soi. Il ne fait que répèter la parole de Jean. Il est vrai que ce terme de néant est ambigü.

Mais ce Néant, ce Non-Etant, est la matrice d’où naissent les mondes, l’Incrée d’où vient toute créature.

 

Relisons Genèse 1,2 

 « Et la terre est forme et vide, les ténèbres sont sur la face de l’abîme et l’Esprit de Dieu plane sur la face des eaux »:

 

 « véha'arèts hayéta tohou vavohou vé rochèr al pénè téhom vé rouar élohim méraréfèt al pénè hamayim »

Littéralement : Est la terre, elle était, informe déserte vide (tohou vavohou), l’obscurité, les ténèbres, visage face surface, l’abysse l’abîme (des eaux), l’esprit le souffle (=pneuma) elohim (rouar élohim) se mouvait flottait les eaux

 

La volonté divine inscrite dans sa création : Tohou et Bohou sont la personnalisation de chacune des deux lettres Taw (T) et Beith (B) que le souffle Hé (H) de chacune anime, tel celui des poumons de l’archétype YHWH  (יהוה)lorsque, avec la Tradition mystique juive, nous donnons au NOM sa forme :         10 yod

                                               5 Hé                     5 Hé

                                                           6 Vav

la forme de l’épée comme cela est révélé dans le Zohar, le livre de la Splendeur : « l’Epée du Saint, béni soit-il, est formée du Tétragramme ; le Yod en est le pommeau, le Vav la lame, les deux Hé les deux tranchants » Zohar, III, 274b. (Le souffle des deux Hé souffle dans nos poumons, le vav conjonction de coordination, pourrait être la colonne vertébrale qui renferme la moëlle (à développer), et le yod selon Annick de Souzenelle est inscrit au plus profond de nous)

Or, le Yod י

Est la quintessence de toutes les forces de la création symbolisant le point primordial et le monde qui est le plus proche de l’origine (Atsilouh = noblesse, aristocratie), monde qui se répand et se diffuse en toute chose créée : en tout homme qui a reçu « l’information ». C’est « la particule de Dieu ».

 

C’est cette information que nous avons à retrouver, c’est notre « Lek Lekha לך ךל » « « Va, pars, va pour toi » ou « va vers toi » « aller, vers soi-même, en soi-même « (Rabbi de Loubavitch).

C’est par ces mots (Lek Lekha) que Dieu mit Abraham sur la voie qui allait inverser le processus de déclin dans lequel l’humanité se trouvait bloquée depuis l’expulsion du Jardin d’Éden, une voie qui allait finalement mener au Don de la Torah sur le mont Sinaï .

Selon les enseignements de Rabbi de Loubavitch « Les leçons de la parachat Lekh lekha pour nous sont tout d’abord de ne pas se laisser intimider par le monde, que ce soit par le monde autour de nous ou par le « monde » de nos désirs, de nos craintes ou de nos préjugés. Abraham et Sarah étaient seulement deux personnes, mais parce qu’ils vouèrent leur vie à la vérité, Dieu devint leur Partenaire et en fit Ses émissaires. Ensuite, une fois que nous avons répondu à l’appel de Dieu d’« aller, vers soi-même, en soi-même », nous ne sommes plus contraints par les limites de nos propres capacités : même les régressions apparentes s’avéreront finalement faire partie intégrante du processus qui mène à des niveaux supérieurs de conscience divine. » 

 

Je suis persuadée, comme nous le dit Annick de Souzenelle, que notre société doit retrouver cette voie. Car, en se coupant de sa Sagesse Universelle, la société actuelle en est encore en son état de sixième jour de la Création.

 

Mais ce cheminement, nous le savons ne se fera pas sans quelques « rectifications », par l’épée-Verbe.

C’est le sens du verset :
« Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée (machaira) » Mat 10,34.

On retrouve également dans le deuxième épître à Timothée l’idée que nous devons nous faire « Soldat du Christ », seul « celui qui a bien combattu selon les règles recevra la Couronne ».  (« Kether » ou la lettre Shin placée au cœur de BeReSHiT)

 

C’est la « rectification », la » justification » divine, et le rajustement de nos actions.

L’épée, glaive de vérité, est le symbole du Verbe au double pouvoir tranchant destructeur et créateur, arme de lumière qui frappe en plein cœur et vainc les ténèbres.

De même que dans notre monde le soleil éclaire et brûle, la lumière du Principe spirituel est feu purificateur matérialisé par l’éclair, archétype de l’épée. L'éclair est foudroyant… ainsi la Vérité foudroie l’erreur en tranchant les ténèbres de l’ignorance.

On retrouve ce symbole, en Chine, avec le trigramme Li qui correspond au soleil mais aussi à l’éclair et à l’épée, arme du Centre, symbole du pouvoir impérial qui représente l’Autorité spirituelle –la volonté divine- sur terre.

Dans la Genèse (3, 24) quand Dieu chasse Adam du Paradis, il établit deux chérubins munis de l’épée flamboyante pour garder le chemin de l’Arbre de Vie.
Dans la tradition chrétienne, l’Apocalypse I, 16 décrit une épée à deux tranchants sortant de la bouche du Verbe : « Il avait en sa main droite sept étoiles, et de sa bouche sortait une épée à deux tranchants et bien affilée ; son visage était aussi brillant que le soleil dans sa force. »

 Purifions nos cœurs. Les Chrétiens, s’ils se repentent sincèrement, sont libérés des traces que les péchés laissent dans l’âme, par le Sacrement de Réconciliation.

 

Equilibre entre Miséricorde (Hesed) et Justice (Din).

« Qu’on nous regarde donc comme des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu » (1 Cor 4, 1)

Prions: « afin qu'il vous donne, selon la richesse de sa Gloire, d'être puissamment fortifiés par son Esprit dans l'homme intérieur, en sorte que Christ habite dans vos coeurs par la foi ». Ephésiens 3, 16

« Car c’est d’après tes paroles que tu seras justifié et c’est d’après tes paroles que tu seras condamné » (Mat 12, 37).

L’homme est ontologiquement « image de Dieu ». Il doit retrouver le chemin de la Ressemblance « je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » nous dit Jésus. « Je suis la lumière du monde ».

 

Lois ontologiques :

-          La Parole est Dieu

-          Rien n’existe sans sa volonté

-          nous devons retrouver le chemin de Vérité, entre Miséricorde et Justice ; par la Foi, son Esprit habite nos cœurs, tout nous est donné par sa volonté

 

  1. 4.      De tout être, Il est la vie.

La vie est la Lumière des hommes.

 

Deux termes nouveaux apparaissent ici :

« Zoè » = la vie, « Phos » = la lumière.

Le logos est la Vie, le Vivant de tout être ; ce Vivant est lumière. Mais qu’est-ce que la Vie ?

De nouveau, St Jean nous tient dans la proximité de l’origine. Il nous ramène à l’essentiel. Tout homme être  est « demeure de Dieu » tout ce qui vit et respire « est adorable ». La vie est sacrée. Ce n’est pas un vain mot : c’est la reconnaissance du Logos qui anime toute chose.

Si nous perdons cette connaissance, le monde devient profane, c’est-à-dire « profané », vidé de la Présence qui l’habite, vidé de sa Lumière.

« Qui voit son frère voit son Dieu » disent les Pères du Désert. Toute la difficulté est de « voir » vraiment.

A ce sujet, Jean-Yves Leloup témoigne « Il nous arrive parfois de ne faire qu’Un avec la vie, d’ « être la vie » et c’est comme une lame de fond qui nous soulève plus haut que le temps, au-delà de la mort. Et nous éprouvons alors quelque chose d’invulnérable, d’indestructible en nous . St Jean l’appellera : la Vie Eternelle, la Vraie Vie qui ne passe pas quand passent toutes les formes à travers lesquelles elle se manifeste. »

Laozi nous apprend « on le contemple sans le voir, il est l’invisible ; on l’écoute sans l’entendre, il est inaudible, on l’atteint sans le saisir, il est insaisissable, Le Dao n’intervient pas, ne fait rien, mais il n’y a rien qu’il ne fasse » « Voie qu’on énonce n’est pas la voie ; nom qu’on prononce n’est pas le nom ; sans nom fit apparaître le Ciel-Terre ».

 

Voilà ce qui me touche dans les sagesses orientales que l’on retrouve dans les doctrines des Pères orientaux :

« Conscience de la grâce qui atteint son degré extrême dans la vision de la lumière divine , conscience du Logos, ouverture de l’Intelligence mais aussi du Cœur et du Corps au déploiement de la Lumière – Etreinte du Vivant ». (entretiens de St Séraphim de Sarov).

En médecine traditionnelle chinoise, le Cœur est l’Empereur, Fils du Ciel. Miroir du « Shen » (l’Esprit). Son rôle est de faire en sorte que tout ce qui est d’ordre universel soit coloré par notre nature propre. L’Empereur est aussi le soleil de l’empire. Le cœur est notre soleil, et par là Feu, source de vie, chaleur et lumière !

 

En bereshit, il nous est proposé de faire une « Alliance de Feu » avec le Seigneur.

En effet, le terme hébreu bereshit (au commencement) est (entre autre) aussi composé de bérith (l’alliance) et du mot esh (feu).

Mais aussi on  y trouve : Bereshit « Dans le principe »  le mot Bar (le grain de blé, le Germe, le « Fils » !) et ‘Ashit (je pose, je fonde, je nomme).

C’est-à-dire qu’au cœur du Principe, Dieu a posé pour fondement ‘Elohim, son NOM avec le yod du YHWH, son Fils-Germe. (YesHouaH)

 

« DANS LE PRINCIPE EST LE VERBE » vient confirmer Jean.

Mais encore, on sait que Beit forme le mot « Bayit » la maison, le temple

Et que ro’sh est la tête,le principe : la création est maison du principe et nous nous sommes « le temple de Dieu et l’esprit de Dieu habite en nous » c’est St Paul qui nous le dit (1 Cor) ;

Mais la maison est elle-même Bat (beit-yod-tav) : elle est fille (par rapport au Père) porteuse du Yod (le germe) !

L’alliance de Feu est l’alliance d’amour que le divin créateur nous propose, alliance qui sera mariage !

 

Lois ontologiques :

-          Dieu est le principe vital

-          Il est lumière qui se révèle par sa Parole et par l’Esprit

-          Notre corps est sa demeure : l’information est inscrite dans nos cellules (je suis tenté de croire que le code génétique en est porteur)

 

 

  1. 5.      La Lumière luit dans les ténèbres

En te skotia phainen

Les ténèbres ne peuvent l’atteindre.

 

On peut comprendre ce verset de plusieurs manières : C’est dans la matière (skotia) que la Lumière (phos) devient un phénomène (phainen), qu’elle se rend perceptible dans l’espace-temps.

La lumière du logos ne s’est révèlée que rarement dans l’évidence d’un corps de lumière , comme celle du Christ au Mont Thabor ou comme celui de Saint Séraphim.

Pour nous, elle demeure dans la majorité des cas environnée de ténèbres. Elle brille dans l’Obscur.

« Skotia auot ou katelaben » : Les ténèbres ne peuvent l’atteindre ou encore : ne peuvent la comprendre (la contenir).

Cette Lumière incrée qui habite dans les profondeurs de l’être n’est pas accessible à l’esprit « matériel » ; elle est d’une autre nature.

Une autre interprétation, riche en espérance, nous permet de comprendre que le mal ne l’emportera pas sur elle. Quelle que soient nos impuretés, la lumière que chacun porte en lui-même n’en est pas souillée…

Lorsque Judas partage avec Jésus le dernier repas avant d’accomplir sa triste besogne, St Jean note seulement « Il faisait nuit »…

Dieu nous aime, la lumière du Logos ne cesse de briller : au bout de la nuit, cela peut nous aider à ne pas désespérer de nous-mêmes et à ne pas désespérer de l’autre.

C’est là aussi, le message du livre de l’Apocalypse : le Christ est là pour nous montrer qu’il vainc les ténèbres, à nous de le suivre.

 

Loi ontologique :

-          La lumière se manifeste dans la forme ; rien, pas même les forces du mal ne peuvent l’empêcher de briller, d’être

 

  1. 6.                  Paraît un homme, envoyé de Dieu.

Iohanân est son nom

 

Après les hauteurs de la contemplation des premiers versets, nous voici redescendus dans la vallée de l’Histoire.

Comme dans la vie, flux et reflux, le rythme de l’Evangile de Jean suit les mouvements du Souffle (aller et retour, entrées et sorties comme le disent les chinois).

Dans le Prologue, Jean (le Baptiste) nous apparaît comme l’archétype de l’Envoyé, du premier « apôtre » (apostalmenos nous dit le texte) et du témoin.

De la même façon que le Logos est tourné vers Dieu, Jean-Baptiste est tourné vers le Logos, il est « Ad-verbum ». Les mystiques rhénans le présenteront comme « l’adverbe » par excellence.

Iohanân est son nom (on schemô Iôhanan) ce qui veut dire : « Celui à qui Dieu fait grâce » :

(io : même racine que le tétragramme ; Anan qui donnera « Anne » : la grâce).

 

La Grâce c’est la possibilité d’être tourné vers, de sortir de soi-même, pour l’autre dans la Présence du Saint Esprit.

L’identité d’un être est dans sa mission : elle est dans son nom, comme le NOM est en nous.

 

Loi ontologique :

-          Le NOM divin est inscrit en nous

-          Notre identité est révélatrice de notre mission sur terre

 

 

  1. 7.      Il vient comme Témoin (martus)

Pour rendre témoignage (marturèsé) à la Lumière,

Afin que tous y adhèrent (pistéusosin) avec lui.

 

Le grec « martus » qui donnera le mot « martyr » traduit le verbe  hébreu de la famille « he-id » : attester la vérité de…

Le rôle de Jean, c’est donc de témoigner afin que tous puissent adhérer, expérimenter avec lui la Lumière.

Le verbe grec « pisteuein » qui est traduit la plupart du temps par « croire », avoir la foi, essaie de rendre le verbe hébreu « aman » « amîn » qui donnera « amen » : « être certain de la vérité de ...ne faire qu’un avec…adhérer.

Nous sommes donc appelés à faire ce même mouvement vers la lumière, vers le Logos, vers Dieu, appeler à y adhérer avec lui.

 

Loi ontologique :

-          Pour que la lumière divine puisse se révéler , nous devons nous tourner vers elle et la transmettre par la Parole afin que tous y croient.

 

 

  1. 8.      Il n’est  pas la lumière

Mais le témoin de la Lumière

 

Le rapport de Jean-Baptiste au Christ est souvent comparé au rapport qui existe entre le Lune et le Soleil. La lune n’est pas source de lumière, mais reflet de la lumière.

Le Prologue nous avertit de ce danger qui consiste à prendre quelquefois le reflet pour la lumière.

C’est la même chose dans l’expérience intérieure. On peut s’illusionner et prendre les signes précurseurs de la Réalisation pour la Réalisation elle-même : une certaine sagesse, un certain calme, une certaine clarté d’esprit ne sont pas encore la Lumière.

Alors viendra cette parole merveilleuse de Jean-Baptiste « Il faut qu’il croise et que je diminue » !

Merveille !

Nous avons là encore avec un mouvement « d’entrée et sortie », de retrait (est ce un nouveau « tsimtsoum » ?), un shabbat à la charnière du retournement qu’implique l’opération d’accomplissement de l’inaccompli à l’accompli.

Jésus dit à Nicodème « En vérité, en vérité je te le dis, à moins de naitre de nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu » « à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu ».

Il y a quelques années lorsque je terminais mes études de Qi Gong, je choisissais comme sujet « le Retour à l’Unité » et avais déjà cité ce passage de l’Evangile de Jean tant il résonne en moi comme étant ce dont les alchimistes taoïstes parlent sous le nom de « faire naître l’enfançon » dans leur quête de « l’immortalité », la Vie Eternelle (une part est déjà en nous) ce dont Jésus nous parle « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme, afin que quiconque croit ait en lui la vie éternelle…mais celui qui fait la vérité, vient à la lumière afin qu’il soit manifesté que ses œuvres sont faites en Dieu » Jean 3 

 

Alors, essayons d’opérer ce « retournement » avec Jean, afin « qu’il croise et que je diminue ».

En langage jungien on dirait : l’importance du moi doit se relativiser pour laisser la place au Soi…

Jean Tauler commentera cette parole en disant que le nom secret de Jean-Baptiste est « Non Sum » « je ne suis pas » tandis que le Nom secret du Christ , c’est « Ego Sum » « JE SUIS ».

Ce « Non Sum » est la condition même pour que se réalise en nous la présence de « l’Ego Sum ».

Cette expérience est aussi vécue par Catherine de Sienne, quand le Christ lui dira : »Je suis celui qui Est, tu es celle qui n’est pas ».

Jean-Baptiste n’est pas la lumière, il porte la lumière. Faisons nous « capax Dei » capable de Dieu afin que s’accomplisse en nous le Mystère de l’Eau et du Feu, celui que les pratiquants de Qi Gong connaissent sont le nom de Kan et Li, après les eaux du baptême (les eaux matricielles de la Genèse), la venue de l’Esprit sous la forme de langue de Feu (matrice de Feu).

Remarquons encore avant de revenir au Prologue dans la lettre que directement  après avoir fait une comparaison avec le serpent de Moïse à fin du chapitre 3, l’évangéliste passera au chapitre 4 près de la terre de Sychar, « là où se trouvait la source de Jacob » là où « Jésus, fatigué par la marche, se tenait assis tout contre la source. » Et Jean précise « C’était environ la sixième heure » .

Divin Mystère qui nous ramène à Berechit , terme qui révèle aussi un autre secret « shith » = 6 qui s’écrit avec SHIN-YOD-TAV !) et « bara » = créer (BEITH RESH ALEPH !) /

« il créa six »…

« mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent » (Mat 7,13)

Il va être difficile de rentrer par « la porte étroite »…( c’est le secret du lien entre « schin ש » et « Bai Hui » mon Dieu par quel mystère trouve t’on les mêmes principes en Orient et en Occident pour qui veut les voir avec les yeux du Cœur ?)

 

Loi  ontologique :

-          Nous devons nous défaire de l’ego afin de devenir miroir de Dieu

-          Cette opération demandera de nombreuses transformation intérieure (comparable au travail de la Forge)

 

 

  1. 9.      Le logos est la lumière véritable

Qui éclaire tout homme.

To phos to alethinon (héb. : ôr emet)

Photizei panta anthropon

 

Jean-Baptiste est le miroir qui reflète la Lumière, mais la Lumière Véritable : c’est le LOGOS.

Cette Lumière éclaire « tout » homme (chrétiens, hommes de foi, et tous les hommes).

Cette Parole est importante : tout homme est habité par le Logos et dans ce sens « tout ce que nous faisons au plus petit de nos frères, c’est à Lui que nous le faisons » (à lui, et…à nous).

A la suite des Pères de l’Eglise qui parlait du « sperma Theou » « semences du Logos), St Thomas d’Aquin disait « Toute parole de vérité, quelle que soit son origine, est inspirée de l’Unique Esprit Saint ».

Car oui, « il y a au milieu de nous quelqu’un que nous ne connaissons pas » (ref. parole de Jean-Baptiste).

Il s’agit de s’éveiller à ce qui est là dans les profondeurs de l’Etre et qui est donné de toute Eternité.

Il est souvent difficile de reconnaître le même dans l’autre, sans songer à détruire son altérité. Pourtant St Paul nous dit « Or vous êtes vous, le corps du Christ, et membres chacun pour sa part » (1 Cor 27).

Mais attention là , il ne s’agit pas de tout confondre, car il existe plusieurs plans de révélation. Ouvrir son cœur et son esprit avec discernement. Car il n’y a pas de véritable ouverture sans véritable enracinement.

Il faut « éprouvez les esprits pour voir s’ils viennent de Dieu » (1 Jn 4,1). Et bien sûr s’éprouvez soi-même : mes paroles ou ses paroles viennent telle de la vanité, de la volonté de puissance ou bien de la vérité et de l’amour ? La porte est étroite

 

Heureusement, nous pouvons sans cesse nous relier à la Bonne Nouvelle et nous rappeler avec St Jean que « si nous marchons dans la lumière, comme Il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres… » (1Jn).

 

Loi ontologique :

-          Chaque être humain, même s’il a laissé la place au Mal, est porteur de la lumière Véritable,

-          Nous devons aller à sa rencontre en obéissant aux lois divines

 

 

  1. 10.  Il est dans le monde (kosmos)

Le monde existe par lui,

Le monde ne le connaît pas

 

Le mot « kosmos » traduit l’hébreu « olam » qui signifie la durée indéfinie.

En ce sens, St Jean voulait sans doute nous parler de la venue du Logos dans l’histoire, et nous dire que l’histoire ne lui donne pas sa place. (je pense là aux enseignements du Frère Enzo Bianchi).

Accordons nous aujourd’hui une place à l’Eternel ? A l’infini dans notre finitude ?

Nous pouvons nier l’origine de notre source, mais attention, l’eau même la plus pure croûpit si elle est coupée de sa source. Que se passe-t-il aujourd’hui dans le monde ? La croix du Christ nous montre pourtant qu’il faut dépasser l’horizontalité pour la verticalité.

Sommes-nous encore au jour 6 de la création ?

Rappelons-nous à chaque instant que l’ange Gabriel «fut envoyé par Dieu le sixième mois dans une ville de Galilée du nom de Nazareth à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph… », et que Marie rendit visite à sa cousine Elisabeth, enceinte de six mois…

 

Quand Jean écrit « le monde ne le connait pas », il pense sans doute au peuple d’Israël qui avait reçu la Torah et qui n’a pas reconnu son Seigneur, Mais nous sommes tous le Peuple d’Israël , et là encore c’est à nous que Jean parle, qu’il nous interpelle.

 

Loi ontologique :

-          Pour dépasser notre état de sixième jour (c’est-à-dire inaccompli) nous devons faire shabbat (nous mettre en retrait et opérer un retournement) pour laisser sa Place à Dieu au cœur de notre être (et être accompli). Jour 7 .

 

 

  1. 11.  Il vient chez lui,

Les siens ne le reçoivent pas

 

Voilà pourquoi Jésus nous dit que nous serons jugés selon nos actes. La Parole est vivante et doit être vécue après avoir été reconnue. A quoi sert d’étudier la Parole si on ne la met pas en pratique.

Et là, nous sommes nombreux à être des Pharisiens.

Or, sa Parole est Amour. Nous l’avons vu, Amour et Unité.

Ces versets peuvent aussi être interprété d’une façon philosophique : le « Logos » est chez lui dans l’esprit de l’homme, or l’esprit de l’homme peut se borner à interpréter les écritures par sa seule « raison ».

C’est pour cela que la lectio divina nous dit Frère Enzo Bianchi doit se terminer par la Contemplation. Ouvrons nos portes.

 

Loi ontologique :

Encore une fois : Ouvrons nous en laissant œuvrer sa Parole (créatrice), son Amour sur le chemin de l’Unité.

 

 

  1. 12.  A tous ceux qui le recoivent

A ceux qui croient en son Nom,

Il donne d’être Enfants de Dieu

 

Rappel d’une Révélation « lorsque nous le recevons , c’est à  dire si nous croyons au Pouvoir de son NOM,  il nous donne d’être enfants de Dieu ! ». Oui, nous nous devons d’être « capax Dei » en capacité de le recevoir « Ecoute Israël, Le Seigneur notre Dieu, Le Seigneur est UN « 

Le Chema Israel, la prière la plus importante pour les Juifs nous avertit : nous devons écouter. Nous devons ouvrir nos oreilles à la Parole. En médecine traditionnelle chinoise, l’oreille est en lien avec le système du Rein, système de l’Eau, et organe qui a reçu l’information de l’énergie ancestrale du lien avec le Tout, sa porte est située derrière les Reins (Ming Men) et elle s’ouvre également aux oreilles !

Nous devons le recevoir, nous devons y adhérer, St Jean nous parle là de la Foi, Foi en l’Amour et l’Unité. Alors nous sommes enfants de Dieu.

Loi ontologique :

-          Notre nature est Divine, pour retrouver notre essence divine nous devons :

-          >  étudier et laisser ETRE la Parole de Dieu en nous et croire en son Pouvoir, au POUVOIR du NOM

 

 

  1. 13.  Engendrés,

Ni du sang,

Ni de sa chair,

Ni d’un vouloir d’homme

Mais de Dieu

 

Encore une merveille ! Ainsi donc le Verbe s’est fait chair, pour nous dire que nous sommes enfants de Dieu « engendrés de Dieu » !

 

Ici nouvel écho au passage de l’Evangile avec Nicodème «  à moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est Esprit ». (Jn 3). C’est la nouvelle filiation.

 

Alors passons les différentes matrices, purifions nous, nous ne sommes pas seulement les enfants de nos Parents mais enfants de Dieu. Le Christ est venu nous apporter la Vie Eternelle.

Je ne sais pas aujourd’hui, au stade où j’en suis de mon cheminement, si le Seigneur agréera que je cite ces paroles de la Table d’Emeraude, qui viennent également en écho en moi « Tu sépareras le pur de l’impur…ce qui est en haut est comme ce qui est en bas …pour faire le miracle de la chose une ». A toi, Seigneur je m’adresse en écrivant cela, car tu lis dans mon cœur et tu sais que je sais que chaque parole parle à chacun comme il peut l’entendre, et que je dis cela comme un petit enfant…

 

Martin Buber disait dans « Tales of Hassidim » : Quelle est la pire des choses à laquelle puisse parvenir la puissance du mal (Yetzer) ? Faire oublier à l’homme qu’il est le fils d’un Roi »

 

Rendons nous compte de l’extraordinaire :

Le Logos s’est dépouillé de sa Divinité ; il s’est fait semblable aux hommes ; il leur a montré qu’ils étaient capables d’intelligence et d’amour, sans cesser pour autant d’être des hommes. Avec patience, il a tenté de leur révéler qu’elle était leur véritable identité ! (cf. Jean-Yves Leloup).

 

 

Loi ontologique :

-          Nous devons faire exister notre essence divine dans la PUISSANCE de l’ESPRIT

 

 

  1. 14.  Le Logos a pris chair

Il a fait sa demeure parmi nous

(o logos sarx egeneto)

 

Littéralement, le logos a fait sa genèse dans la chair.

Le grec « sarx » (qui donnera le mot sarcophage) traduit l’hébreu « basar » : la « chair » dans le sens d’humanité (corps et âme), le « basar » étant indissociable de la « nephesh » (l »âme » au degré où elle dynamise le corps).

Ce mot basar, nous l’avions dans la Genèse avec la Création d’Adam et Eve.

Ce même mot basar est d’ailleurs le synonyme d’ »Adam » : le « glaiseux ».

Ainsi donc le Logos s’est fait Adam, avec le Christ, nouvel Adam, l’Eternel est entré dans le Temps.

La matière est ici à jamais sanctifiée, elle est demeure de Dieu, en Adam, c’est-à-dire en chacun de nous, la terre est comme au ciel.

Il a fait sa demeure parmi nous « Eskenosen en èmin » : littéralement : il a planté sa tente en nous , le grec « skèné » traduit l’hébreu « ôhal » , la tente.

 

Nous avons là un nouveau rappel de l’Ancien Testament et de la Tente au désert, mémoire de l’Alliance où les Hébreux gardaient la Thora.

Désormais comprenons bien, comme le précise Frère Enzo Bianchi : la Bible n’est pas la Parole de Dieu, elle contient la Parole de Dieu (ceci pour nous garder de tout fanatisme). Mais en prenant chair, le Verbe a trouvé sa demeure dans notre chair, de toute éternité , le corps contient cette information de la Présence Divine : ceci est Ontologique !

 

On peut aussi et enfin remarquer que la Tente n’est qu’une demeure « de passage ».

Alors « dépouillons nous du vieil homme pour revêtir l’homme nouveau  et faire de notre corps le Temple du Seigneur ».

 

  1. 15.  Nous avons vu sa Gloire,

Pleine de Grâce et de Vérité

Présence filiale – monogène

Qu’il tient du Père

 

Ici la signification du mot Gloire me semble plus proche de la source avec le terme hébreu « Kavod » qui signifie littéralement « le poids », le poids de Dieu dans la Présence, sa Majesté, Splendeur, recevoir. Le mot grec « doxa » nous parle de renommée , réussite.

Au Sinaï, la Gloire de YHWH prenait la forme d’une flamme couronnant la montagne.

Ici, sa présence se fait dans le Fils, dans sa relation Unique au Père.

Une relation ininterrompue avec celui qu’il appelle son Père et notre Père. Ici, comme au commencement, nous devons laisser la place à l’œuvre de l’Esprit pour que les enfants dispersés du Père, soit réunis en sa Gloire, unifiés.

La Grâce de Dieu est miséricorde penchée sur la misère (hen), fidélité généreuse aux siens (hessed), solidité inébranlable dans ses attachements (émet-vérité), tendresse du cœur (rahamim), justice inépuisable…On voit là toute la richesse de l’hébreu, grâce sera traduit en grec par « charis » qui donnera les mot charisme et charité.

En français, grâce vient du latin « gratia » qui désigne à la fois la source du don chez celui qui donne et l’effet du don chez celui qui reçoit.

Il y a aussi l’idée de gratuité et de beauté.

L’Esprit Saint est aussi « Esprit de Vérité ». Se tenir dans la Vérité, c’est s’éveiller sans cesse, en restant vigilant (sens de « aletheia »)

Le premier commandement « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton esprit, de tout ton cœur, de toute ton âme » a pour but de nous réunifier, « monogénéïser .

 

 

Loi ontologique :

-          Le Logos s’est incarné pour nous remettre en relation avec son Père, et nous donner la possibilité d’accès à sa Gloire, dans l’Esprit de Vérité.

 

« Choisis la Vie », nous sommes libres de par la volonté divine de suivre ou pas son enseignement. De suivre le chemin qu’il nous a proposé depuis l’ancienne alliance, qui est de se faire « Ressemblance » « Image de Dieu » dans le Fils.

C’est par la personne du Christ que la voie nous est ouverte. Il est la porte.

 

Devant une telle grandeur, cultivons notre humilité. Labourons notre jardin. Œuvrons. Travaillons dans le respect des Lois de Dieu.

 

Sur ce chemin, nous ne manquerons pas de rencontrer le Serpent sous toutes ses formes. Appuyons nous sur les Colonnes du Temple. Rendons Grâce. Demandons Grâce.

Nous disposons « du bouclier de la foi », du « casque du salut » et du « Glaive de l’Esprit qui est la Parole de Dieu ».

Appuyons nous sur le Christ.

 

 

Sources :

 

-          La Bible interlinéaire

-          La Torah (traduction en ligne du Rabbinat, commentaires de Rachi)

-          L’évangile de Jean (traduit et commenté par Jean-Yves Leloup d’après la Vulgate)

-          L’évangile de Jean, Alain Marchadour

-          Le Zohar, Charles Mopzik

-          Extrait de la Septante de St Jérôme (en ligne)

-          Ecouter la Parole, les enjeux de la Lectio Divina d’Enzo Bianchi

-          St Jean Cassien de Sr Marie Ancilla

-          Alliance de Feu, Annick de Souzenelle

-          Dao de Jing

-          Les enseignements de Liu Dong

 

 

Le Projet Divin révélé au Cœur du Prologue de St Jean

 

Evangile de St Jean

Prologue (1-15) et Commentaires

 

1Au commencement était le Verbe                                            Le Verbe avec Dieu

Et le Verbe était auprès de Dieu.

2 Il était au commencement auprès de Dieu.

3 Tout fut par lui,                                                                        Le rôle dans la Création

Et sans lui rien ne fut.

4 Ce qui fut en lui était la vie,                                                    Don aux hommes 

Et la vie était la lumière des hommes,

5 et la lumière luit dans les ténèbres

Et les ténèbres ne l’ont pas saisie.

 

6 Il y eut un homme envoyé de Dieu ;                                       Jean-Baptiste

Son nom était Jean.

7 Il vint pour témoigner,

Pour rendre témoignage à la lumière,

Afin que tous crussent par lui.

8 Celui-là n’était pas la lumière,

Mais il avait à rendre témoignage à la lumière.

 

9 Il était la lumière véritable,                                                      Venue du Verbe dans le monde

Qui éclaire tout homme,

Venant dans le monde.

10 Il était dans le monde,

Et le monde fut par lui,

Et le monde ne l’a pas reconnu.

11 Il était chez lui,

Et les siens ne l’ont pas accueilli.

12 Mais à tous ceux qui l’ont accueilli,                                       Par le Verbe incarné,

Il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu,                        nous devenons enfants de Dieu

A ceux qui croient en son nom,

13 eux qui ne furent engendrés ni du sang,

Ni d’un vouloir de chair,

Ni d’un vouloir d’homme,

Mais de Dieu.

14 Et le Verbe s’est fait chair                                                      Incarnation

Et il a campé parmi nous,

Et nous avons contemplé sa gloire,

Gloire qu’il tient du Père comme Unique-Engendré,

Plein de grâce et de vérité

 

Genèse 1.1 : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme et un souffle de Dieu agitait la surface des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit » et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres… ».

6 jours de création, 1 jour de shabbat …

 

 

 

Introduction

 

Le Prologue de l’Evangile de Jean est d’une grande Beauté. Le Mystère nous est donné là à contempler. 

Dans cette nouvelle « Genèse », St Jean donne en quelques mots une grande partie du projet divin pour l’homme, que le Christ, en s’incarnant parmi nous, vient nous révéler.

Car il y a bien une Révélation dans ces lignes, et sa lecture dans le texte d’origine à partir du Grec, mais aussi de l’hébreu, nous permet de mieux comprendre ce qui est sous-jacent. J’utiliserais également au cours de cette étude quelques notions de la vision taoïste sur la création pour essayer de mieux comprendre en quoi le Prologue de Jean a une dimension universelle.

 

Après en avoir fait une lecture contemplative, et ceci appartient à chacun, je me propose donc ici de faire une étude, verset par verset, et ceci dans un but précis : en faire ressortir les Lois Ontologiques (du grec onto : « être « , l’étude de lois définissant « l’être en tant qu’être » , Aristote)  c’est à dire « les lois de la vie » que nous devons connaître en tant que Sagesse Universelle.

 

Car l’étude de la Bible, dans son ensemble nous permet de mieux connaître ces Lois Ontologiques qui régissent notre personne, nos relations, et notre relation à Dieu puisque la Bible en tant que révélatrice de la Parole de Dieu, nous permet de comprendre le projet divin inscrit en l’homme, dans la création et ceci dès le Commencement.

 

J’essaierai de démontrer qu’en chaque être se trouve inscrite la Parole de Dieu, que nous avons tous consciemment ou inconsciemment la nostalgie de notre état originel, et que la quête de notre Graal est de retrouver ce chemin de l’Origine, celui qui nous lie au Divin afin d’accéder à la promesse eschatologique de St Jean, la Vie Eternelle, qui peut nous être en partie dévoilée lorsque notre Cœur se tourne vers le Mystère, pour nous approcher de l’Unité.

Nous sommes libres de partir, ou pas, suivre cette Quête initiatique. Choisir de suivre ce chemin, c’est choisir » la Vie » comme il est écrit « Vois, j’ai placé devant toi la Vie et la mort, le Bien et le Mal, choisis la Vie » Deut 30, 15-20 .

En cela, la lecture des écritures avec les « yeux du Cœur » nous donnent les clés.

 

Puissions-nous passer, en toute humilité et adoration pour notre Dieu, la porte étroite.

 

Pour  ne pas alourdir, le texte, j’ai choisi de faire figurer à la fin de cette étude, les différents ouvrages dont je me suis inspirée (hormis les références concernant les passages de l’Ecriture).

 

Commentaires :

 

 

Depuis toujours la lecture de ce prologue a provoquée en mon être une profonde émotion. J’y pressentais, présente, une grande force. Une force qui touchait tout mon être et mon cœur.

 

Une nuit, alors que je dormais je fus « à demi éveillée » et le Seigneur « m’envoya » comme dans un songe la 3ième lettre de l’alphabet hébraïque (guimel ג) que je ne connaissais pas alors. J’entendais alors une voix me disant « cherche à la lettre G de l’alphabet hébraïque ».

Je le fis dès le lendemain matin pour découvrir que « guimel » a entre autres significations celle d’un pont qui unit deux espaces, puissance de bienveillance, la bonté Hessed liée à Din, jugement ; dont la valeur est 3 . Guimel est constituée par un « Vav » (6ième lettre) représentant un homme debout avec un « yod » (10ième lettre) pour ses pieds en mouvement.

J’eu envie à partir de ce moment-là de commencer à chercher à comprendre les écritures à partir de l’hébreu, puis du grec. Bereshit !

 

 

J’ai dit dans l’introduction que je trouvais ce Prologue d’une grande Beauté. Dans la mystique juive, ce mot Beauté, a une vibration qui fait écho à ce qui se passe dans mon cœur à la lecture de l’Evangile de Jean.

En effet, il correspond au terme hébreu  « Tipheret » qui est une « émanation » de Dieu qui synthétise toute la Beauté et l’Harmonie venant sous forme d’information, lumière, énergie (comment le traduire en mot) de Dieu vers l’homme à travers toute la Création.

Son énergie agit comme un point autour duquel tout s’organise, où rien ne peut se faire sans son intervention et qui se place dans le cœur de l’homme.

La Beauté en tant qu’essence selon la vision des mystiques juifs correspond à la sixième lettre de l’alphabet hébraïque, la lettre Vav, une conjonction de coordination qui a comme valeur numérique (l’alphabet hébraïque est un alphabet alpha-numérique) le chiffre 6 .

Tipheret sert d’intermédiaire entre les contraires, on lui attribue deux couleurs qui ont une grande valeur symbolique dans le chemin d’évolution qui est proposé à l’homme : le blanc et le rouge.

En tant que force émotionnelle dans l’homme, elle est la sincérité ou la beauté, l’harmonie, l’équilibre.

C’est le secret de : « Ils feront des vêtements d’Aaron pour la Gloire (Kavod) et la Beauté (Tipheret). Exode 28,2 (tiré du Zohar).

 

Pourquoi ces précisions ? Car pour ceux qui sont touchés dans leur Cœur par les Paroles de l’écriture, une transformation intérieure se fait au cours de la Lectio Divina.

 

 « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu » :

 

 

  1. 1.      Au commencement : Le logos

 

« En archè », au commencement, au principe, à l’origine, au fondement, à la source, à la tête…

Quel mot choisir pour traduire « archè », ce « bereshit » (תבראשי 6 lettres) - premier mot de toute genèse ? Qu’en est –il du commencement ? La question de l’origine est fondamentale de l’homme, elle l’oblige aux racines ; elle le force à l’identification, quel est le lieu d’où tu viens ?

Au commencement, il y a un programme, un projet, une destination. Ce premier mot de la Genèse (« Bereshit ») est tellement riche d’enseignement qu’il justifie à lui seule une autre étude. Nous n’en aborderons donc que quelques lectures possible.

Pourquoi donc approfondir ce terme de Commencement ? Parce qu’il répond à un besoin que l’on a de se tenir dans la proximité de l’Origine  en tant qu’elle aiguise notre conscience et la ramène au présent. Qu’est ce qui nous pose (Fondement : Yessod) dans l’Etre en cet instant ? Qui, en nous pose cette question ?

 

Au commencement : Le Logos.

Le Verbe, Logos, ou « davar » en hébreu peut être traduit par ces notions : intelligence, parole, verbe, information créatrice…

Là encore, traduire c’est réduire. Le logos n’est pas la parole. C’est la Parole créatrice.

Pour les Sémites, la parole et l’évènement ne sont pas séparés. Il s’agit d’une parole en acte, d’un verbe efficace.

Le concept contemporain qui se rapproche le plus c’est « l’information ».

Pour qu’une chose existe, elle a besoin d’être « informée » au sens génétique du terme ; sans cette information, comme le dira St Jean par la suite, rien ne subsiste. Rien ne prend forme.

 

Pour autant, je crois (dans le sens grec : «  j’adhère »), que « la forme n’est pas différente du vide, la forme est vide, le vide est forme » comme nous le dit le Sutra du Cœur du Bouddha. (le Vide et la Forme doivent faire l’objet également d’une autre étude ).

 

Au Commencement, à l’Origine, il y a donc cette Intelligence (Sagesse : Hochmah), cette Parole Créatrice qui « informe » toute chose ; c’est dire que ce qui est premier est de l’ordre de la Relation.

Entre l’Aleph (1ère lettre, symbole de Dieu, qui se situe juste avant le beith (b) de Berechit du Commencement), entre l’aleph donc l’Inconnaissable, et la Création, il y a cette Parole, ce « dialogue » , ce Logos qui pose la dualité et dans le même mouvement appelle et rend possible l’Unité, non l’unité indifférenciée ou fusionnelle, mais l’unité de relation : l’Amour.

 

Sur cette notion de l’Un et du Multiple, la Tradition Orientale établie une continuité : nous ne sommes pas autres que l’Un, chacun de nous a pour vocation de réintégrer l’Unité (cf la Tradition des Pères).

Je ne peux m’empêcher de citer ici le chap 16 du DaodeJing puisqu’il m’a été donné de  séjourner  en Orient: « Parvenus à l’Extrème du Vide, fermement ancrés dans la Quiétude, tandis que Dix mille êtres d’un seul élan éclosent, nous contemplons le retour ».

 

Nous devenons intelligents, selon Héraclite, en aspirant par la respiration ce Logos qui nous « relie » alors à tout ce qui existe ; nous ne sommes plus « séparés » : « Prêtant l’oreille non à moi, mais au Logos, il est sage de dire en accord avec Lui que tout est Un, car la Sagesse est Une : connaitre la Pensée qui dirige tout à travers tout (Panta dia panton). »

C'est là, selon la spiritualité hésychaste, le sens de l'humanité et la raison de l'Incarnation de Dieu : « Dieu s'est fait homme, pour que l'homme puisse devenir Dieu » selon une parole d'Athanase d'Alexandrie.

 

St Jean, parlera de cela tout au long de son évangile ! « Je leur ai donné la Gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’Unité…pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux » Parole du Seigneur - Jean 18, 22-26 .

 

Le Logos est aussi le soutien de l’Univers, son lien (desmos) : « Par son Logos, tout tient ensemble…En un mot : Il est toutes choses » l’Ecclésiaste 43, 26-27 .

Et Philon d’Alexandrie d’ajouter : »Le logos infini du Dieu Eternel est le soutien le plus puissant et le plus stable de la totalité du monde. C’est Lui qui, tendu du centre aux frontières et des extrémités au centre, assure tout au long la course de la nature et la rend invincible, rassemblant toutes les parties et les tenant strictement unies ; car le Père qui l’avait engendré faisait de ce Logos le lien (desmos) de l’Univers, un lien que l’on ne peut briser ».

 

Ainsi, au Commencement (in Principio) Dieu créa les cieux et la terre,

Au Commencement était le Verbe,

Dieu a révélé son nom à Moïse par le divin tétragramme (voir étude séparée) que l’on traduit :

-          “Je suis ce que je suis” (Ehyéh Acher Ehyéh אֶֽהְיֶ֖ה אֲשֶׁ֣ר אֶֽהְיֶ֑ה).

-          Et il dit : “Voici ce que tu diras aux Israélites :

-          [mot à mot] « Je serai qui je serai »

-          (ou, plus métriquement, « que je sois qui je serai ») (Ehyéh) m’a envoyé vers vous.” » — traduction de la Bible de Jérusalem.

-          L’expression est rendue par « Je suis celui qui suis » dans la traduction due à Louis Segond

-          et par « Je suis qui je serai » dans la TOB.

-          La Bible du Rabbinat traduit par « Être invariable »,

-          Theos grec de la Septante. « j’étais, je suis et je serai »

 

Il a donc séparé le monde d’en-Haut et le monde d’en-Bas (mi et ma dans la vision judaïque) en nous envoyant un lien, ce même lien dont parle Isaïe (chap XI) lorsqu’il décrit prophétiquement les 7 dons de l’Esprit sur l’âme du Fils de Dieu fait homme avec l’épisode de la tige (matteh) de Jessé. ( cf également la verge de Moïse et Aaron, mais également l’échelle de Jacob et l’Arbre de Vie…).

 

Ce lien est décrit dans le Zohar (le livre de la Splendeur) que les amateurs pourront aller consulter pour découvrir ses secrets. Ce que je puis dire ici, c’est que nous sommes porteur de l’information du NOM , symbolisé par la lettre YOD du divin Tétragramme, et que c’est cette information que nous sommes amenés à aller chercher au plus profond de nous.

 

Cette information nous a été donnée au commencement comme Dieu le rappelle à Job : « Où est le chemin qui conduit au séjour de la lumière ? Et les ténèbres, où ont-elles leur demeure ? Peux-tu les saisir à leur limite et connaître le chemin de leur mission ? Tu le sais, car alors que tu étais né et le nombre de tes jours est grand. » (Job 38, 19-22).

Que celui qui a des oreilles pour entendre…

« Et je me tenais au milieu entre le Seigneur et vous » (Dt 5,5)

 

« Il n’est que d’écouter dans les profondeurs de son propre principe, de se tenir à l’origine de son souffle, pour entendre ce double écho du Logos : Présence active, information intelligente, aimante, qui nous fonde. « Poesis », qui nous chante et nous façonne dans l’Unité de tous les êtres » (Jean-Yves Leloup).

 

Et c’est l’écoute de la Parole de Dieu, qui nous indique le chemin. Cette Sagesse est universelle. On retrouve en Orient avec Sri Nisargadatta Maharaj cette idée : « L’état primordial n’est pas à conquérir, il est déjà là, il faut simplement éliminer ce qui fait écran ».

 

Lois ontologiques :

-          La Parole de Dieu est créatrice

-          Le Logos est le lien entre Dieu et les hommes

-          Nous devons retrouver le chemin de l’Unité

 

Au commencement : le Logos

Le logos est vers Dieu

(kai o logo èn pros ton théon)

Le logos est Dieu

(Théos èn à logos)

 

« Pros » en grec indique un mouvement, une orientation être « tourné vers quelque chose, quelqu’un ».

Nous avons là comme disent les Anciens, une révélation : celle de l’Uni-Trinité de l’Etre :

Le Logos = le Fils en tant qu’il s’est incarné dans le Fils ; Dieu = le Père, le Créateur ; et le mouvement vers le Père et du Père vers sa création = le Saint Esprit. Cette révélation trinitaire ne brise pas l’unité de l’Un. Elle montre que cette unité n’est pas statique.  Elle nous montre le mouvement à suivre.

Dieu est Un comme l’Amant, l’Aimée, l’Amour sont Un. « Dieu est Amour ». Ainsi, l’Etre est-il mouvement-relation. Et c’est ce mouvement qui est Vie.

L’hébreu dispose d’un alphabet alpha-numérique : les mots « « ehad (Un) et "ahavah " ( Amour) ont la même valeur numérique : chacun 13 , ensemble ils valent 26 : le poids numérologique de YHWH !

Le Nom divin YHWH (26) est donc en même temps "Unité" et "Amour" . Du reste on retrouve cette même guématrie dans  le mot kabod , Gloire , qui vaut 26 comme YHWH.

Et combien pour le mot bereshith (au commencement) selon le mispar katan ? 13 ! (2+2+1+3+1+4).

Divine mathématiques ! Dieu = Unité + Amour et cette information est là depuis le commencement !

 

Celui qui aime s’avance dans la proximité de cette Révélation, car celui qui aime, aime l’autre dans sa différence et le perçoit dans son unité avec lui. Il n’est pas loin du commencement et de la fin « Il demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (Jean 4,16)

 

Tout l’évangile de Jean sera une invitation au retour (metanoïa : retournement, conversion, changement d’esprit. J’ai l’intuition que c’est une symbolique possible du changement de tête (ro’sh) entre Jean-Baptiste et Jésus.

 

Il nous demande d’être fils, c’est-à-dire d’entretenir une relation d’intimité avec ce qui sans cesse nous fonde et nous « origine ». Le Dr Jean-Marc Kespi en parlant de l’archétype « ipséité-altérité, continuité-discontinuité » notion importante en médecine traditionnelle chinoise dit « la vie manifeste un incessant dialogue entre l’Un et le Multiple. En chaque couple, il est deux versants. Celui tourné vers l’Un manifeste l’ipséité comme le trait plein du Yang(_) du Yijing, l’autre exprime l’altérité à l’image du trait Yin (--). L’essentiel est leur relation.

Or, selon la vision chinoise le 2 est symbole de la Terre (tout comme en Occident le 2 est la dualité), et le 3 celui du Ciel (la Trinité) ! Le 5, (2+3) nous parle des 5 mouvements énergétiques (Feu-Eau, Métal- Bois et terre) que l’on retrouve dans l’Univers et qui le constitue, 5 est aussi le Centre.

 

Loi ontologique : la Vie est mouvement, relation. Elle doit être tournée vers le Logos

 

 

  1. 2.      Il est au commencement avec Dieu
  2. 3.      Tout existe par Lui

Sans Lui : rien.

 

« Panta di autou egeneto – kai koris autou egeneto oude èn o gegonen » Littéralement : le tout (panta) a en lui sa genèse (engeneto) et rien n’a de genèse en dehors de lui.

La Vulgate de St Jérôme, sans doute plus proche de l’esprit hébreu, traduit : « Sine ipso factum est nihil » = Sans lui, rien n’est fait. Sans lui : Nihil = Rien !

 

Le logos est sans cesse à l’œuvre pour nous tenir hors du Néant. Se découvrir « crée », c’est découvrir que nous n’avons pas l’Etre par nous-mêmes ; nous sommes des êtres par participation. Sans son amour, nous ne sommes Rien !

Lorsque Maître Eckhart dit que « la créature est un pur néant », cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas, mais qu’elle n’a pas d’existence en soi et pour soi. Il ne fait que répèter la parole de Jean. Il est vrai que ce terme de néant est ambigü.

Mais ce Néant, ce Non-Etant, est la matrice d’où naissent les mondes, l’Incrée d’où vient toute créature.

 

Relisons Genèse 1,2 

 « Et la terre est forme et vide, les ténèbres sont sur la face de l’abîme et l’Esprit de Dieu plane sur la face des eaux »:

 

 « véha'arèts hayéta tohou vavohou vé rochèr al pénè téhom vé rouar élohim méraréfèt al pénè hamayim »

Littéralement : Est la terre, elle était, informe déserte vide (tohou vavohou), l’obscurité, les ténèbres, visage face surface, l’abysse l’abîme (des eaux), l’esprit le souffle (=pneuma) elohim (rouar élohim) se mouvait flottait les eaux

 

La volonté divine inscrite dans sa création : Tohou et Bohou sont la personnalisation de chacune des deux lettres Taw (T) et Beith (B) que le souffle Hé (H) de chacune anime, tel celui des poumons de l’archétype YHWH  (יהוה)lorsque, avec la Tradition mystique juive, nous donnons au NOM sa forme :         10 yod

                                               5 Hé                     5 Hé

                                                           6 Vav

la forme de l’épée comme cela est révélé dans le Zohar, le livre de la Splendeur : « l’Epée du Saint, béni soit-il, est formée du Tétragramme ; le Yod en est le pommeau, le Vav la lame, les deux Hé les deux tranchants » Zohar, III, 274b. (Le souffle des deux Hé souffle dans nos poumons, le vav conjonction de coordination, pourrait être la colonne vertébrale qui renferme la moëlle (à développer), et le yod selon Annick de Souzenelle est inscrit au plus profond de nous)

Or, le Yod י

Est la quintessence de toutes les forces de la création symbolisant le point primordial et le monde qui est le plus proche de l’origine (Atsilouh = noblesse, aristocratie), monde qui se répand et se diffuse en toute chose créée : en tout homme qui a reçu « l’information ». C’est « la particule de Dieu ».

 

C’est cette information que nous avons à retrouver, c’est notre « Lek Lekha לך ךל » « « Va, pars, va pour toi » ou « va vers toi » « aller, vers soi-même, en soi-même « (Rabbi de Loubavitch).

C’est par ces mots (Lek Lekha) que Dieu mit Abraham sur la voie qui allait inverser le processus de déclin dans lequel l’humanité se trouvait bloquée depuis l’expulsion du Jardin d’Éden, une voie qui allait finalement mener au Don de la Torah sur le mont Sinaï .

Selon les enseignements de Rabbi de Loubavitch « Les leçons de la parachat Lekh lekha pour nous sont tout d’abord de ne pas se laisser intimider par le monde, que ce soit par le monde autour de nous ou par le « monde » de nos désirs, de nos craintes ou de nos préjugés. Abraham et Sarah étaient seulement deux personnes, mais parce qu’ils vouèrent leur vie à la vérité, Dieu devint leur Partenaire et en fit Ses émissaires. Ensuite, une fois que nous avons répondu à l’appel de Dieu d’« aller, vers soi-même, en soi-même », nous ne sommes plus contraints par les limites de nos propres capacités : même les régressions apparentes s’avéreront finalement faire partie intégrante du processus qui mène à des niveaux supérieurs de conscience divine. » 

 

Je suis persuadée, comme nous le dit Annick de Souzenelle, que notre société doit retrouver cette voie. Car, en se coupant de sa Sagesse Universelle, la société actuelle en est encore en son état de sixième jour de la Création.

 

Mais ce cheminement, nous le savons ne se fera pas sans quelques « rectifications », par l’épée-Verbe.

C’est le sens du verset :
« Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée (machaira) » Mat 10,34.

On retrouve également dans le deuxième épître à Timothée l’idée que nous devons nous faire « Soldat du Christ », seul « celui qui a bien combattu selon les règles recevra la Couronne ».  (« Kether » ou la lettre Shin placée au cœur de BeReSHiT)

 

C’est la « rectification », la » justification » divine, et le rajustement de nos actions.

L’épée, glaive de vérité, est le symbole du Verbe au double pouvoir tranchant destructeur et créateur, arme de lumière qui frappe en plein cœur et vainc les ténèbres.

De même que dans notre monde le soleil éclaire et brûle, la lumière du Principe spirituel est feu purificateur matérialisé par l’éclair, archétype de l’épée. L'éclair est foudroyant… ainsi la Vérité foudroie l’erreur en tranchant les ténèbres de l’ignorance.

On retrouve ce symbole, en Chine, avec le trigramme Li qui correspond au soleil mais aussi à l’éclair et à l’épée, arme du Centre, symbole du pouvoir impérial qui représente l’Autorité spirituelle –la volonté divine- sur terre.

Dans la Genèse (3, 24) quand Dieu chasse Adam du Paradis, il établit deux chérubins munis de l’épée flamboyante pour garder le chemin de l’Arbre de Vie.
Dans la tradition chrétienne, l’Apocalypse I, 16 décrit une épée à deux tranchants sortant de la bouche du Verbe : « Il avait en sa main droite sept étoiles, et de sa bouche sortait une épée à deux tranchants et bien affilée ; son visage était aussi brillant que le soleil dans sa force. »

 Purifions nos cœurs. Les Chrétiens, s’ils se repentent sincèrement, sont libérés des traces que les péchés laissent dans l’âme, par le Sacrement de Réconciliation.

 

Equilibre entre Miséricorde (Hesed) et Justice (Din).

« Qu’on nous regarde donc comme des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu » (1 Cor 4, 1)

Prions: « afin qu'il vous donne, selon la richesse de sa Gloire, d'être puissamment fortifiés par son Esprit dans l'homme intérieur, en sorte que Christ habite dans vos coeurs par la foi ». Ephésiens 3, 16

« Car c’est d’après tes paroles que tu seras justifié et c’est d’après tes paroles que tu seras condamné » (Mat 12, 37).

L’homme est ontologiquement « image de Dieu ». Il doit retrouver le chemin de la Ressemblance « je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » nous dit Jésus. « Je suis la lumière du monde ».

 

Lois ontologiques :

-          La Parole est Dieu

-          Rien n’existe sans sa volonté

-          nous devons retrouver le chemin de Vérité, entre Miséricorde et Justice ; par la Foi, son Esprit habite nos cœurs, tout nous est donné par sa volonté

 

  1. 4.      De tout être, Il est la vie.

La vie est la Lumière des hommes.

 

Deux termes nouveaux apparaissent ici :

« Zoè » = la vie, « Phos » = la lumière.

Le logos est la Vie, le Vivant de tout être ; ce Vivant est lumière. Mais qu’est-ce que la Vie ?

De nouveau, St Jean nous tient dans la proximité de l’origine. Il nous ramène à l’essentiel. Tout homme être  est « demeure de Dieu » tout ce qui vit et respire « est adorable ». La vie est sacrée. Ce n’est pas un vain mot : c’est la reconnaissance du Logos qui anime toute chose.

Si nous perdons cette connaissance, le monde devient profane, c’est-à-dire « profané », vidé de la Présence qui l’habite, vidé de sa Lumière.

« Qui voit son frère voit son Dieu » disent les Pères du Désert. Toute la difficulté est de « voir » vraiment.

A ce sujet, Jean-Yves Leloup témoigne « Il nous arrive parfois de ne faire qu’Un avec la vie, d’ « être la vie » et c’est comme une lame de fond qui nous soulève plus haut que le temps, au-delà de la mort. Et nous éprouvons alors quelque chose d’invulnérable, d’indestructible en nous . St Jean l’appellera : la Vie Eternelle, la Vraie Vie qui ne passe pas quand passent toutes les formes à travers lesquelles elle se manifeste. »

Laozi nous apprend « on le contemple sans le voir, il est l’invisible ; on l’écoute sans l’entendre, il est inaudible, on l’atteint sans le saisir, il est insaisissable, Le Dao n’intervient pas, ne fait rien, mais il n’y a rien qu’il ne fasse » « Voie qu’on énonce n’est pas la voie ; nom qu’on prononce n’est pas le nom ; sans nom fit apparaître le Ciel-Terre ».

 

Voilà ce qui me touche dans les sagesses orientales que l’on retrouve dans les doctrines des Pères orientaux :

« Conscience de la grâce qui atteint son degré extrême dans la vision de la lumière divine , conscience du Logos, ouverture de l’Intelligence mais aussi du Cœur et du Corps au déploiement de la Lumière – Etreinte du Vivant ». (entretiens de St Séraphim de Sarov).

En médecine traditionnelle chinoise, le Cœur est l’Empereur, Fils du Ciel. Miroir du « Shen » (l’Esprit). Son rôle est de faire en sorte que tout ce qui est d’ordre universel soit coloré par notre nature propre. L’Empereur est aussi le soleil de l’empire. Le cœur est notre soleil, et par là Feu, source de vie, chaleur et lumière !

 

En bereshit, il nous est proposé de faire une « Alliance de Feu » avec le Seigneur.

En effet, le terme hébreu bereshit (au commencement) est (entre autre) aussi composé de bérith (l’alliance) et du mot esh (feu).

Mais aussi on  y trouve : Bereshit « Dans le principe »  le mot Bar (le grain de blé, le Germe, le « Fils » !) et ‘Ashit (je pose, je fonde, je nomme).

C’est-à-dire qu’au cœur du Principe, Dieu a posé pour fondement ‘Elohim, son NOM avec le yod du YHWH, son Fils-Germe. (YesHouaH)

 

« DANS LE PRINCIPE EST LE VERBE » vient confirmer Jean.

Mais encore, on sait que Beit forme le mot « Bayit » la maison, le temple

Et que ro’sh est la tête,le principe : la création est maison du principe et nous nous sommes « le temple de Dieu et l’esprit de Dieu habite en nous » c’est St Paul qui nous le dit (1 Cor) ;

Mais la maison est elle-même Bat (beit-yod-tav) : elle est fille (par rapport au Père) porteuse du Yod (le germe) !

L’alliance de Feu est l’alliance d’amour que le divin créateur nous propose, alliance qui sera mariage !

 

Lois ontologiques :

-          Dieu est le principe vital

-          Il est lumière qui se révèle par sa Parole et par l’Esprit

-          Notre corps est sa demeure : l’information est inscrite dans nos cellules (je suis tenté de croire que le code génétique en est porteur)

 

 

  1. 5.      La Lumière luit dans les ténèbres

En te skotia phainen

Les ténèbres ne peuvent l’atteindre.

 

On peut comprendre ce verset de plusieurs manières : C’est dans la matière (skotia) que la Lumière (phos) devient un phénomène (phainen), qu’elle se rend perceptible dans l’espace-temps.

La lumière du logos ne s’est révèlée que rarement dans l’évidence d’un corps de lumière , comme celle du Christ au Mont Thabor ou comme celui de Saint Séraphim.

Pour nous, elle demeure dans la majorité des cas environnée de ténèbres. Elle brille dans l’Obscur.

« Skotia auot ou katelaben » : Les ténèbres ne peuvent l’atteindre ou encore : ne peuvent la comprendre (la contenir).

Cette Lumière incrée qui habite dans les profondeurs de l’être n’est pas accessible à l’esprit « matériel » ; elle est d’une autre nature.

Une autre interprétation, riche en espérance, nous permet de comprendre que le mal ne l’emportera pas sur elle. Quelle que soient nos impuretés, la lumière que chacun porte en lui-même n’en est pas souillée…

Lorsque Judas partage avec Jésus le dernier repas avant d’accomplir sa triste besogne, St Jean note seulement « Il faisait nuit »…

Dieu nous aime, la lumière du Logos ne cesse de briller : au bout de la nuit, cela peut nous aider à ne pas désespérer de nous-mêmes et à ne pas désespérer de l’autre.

C’est là aussi, le message du livre de l’Apocalypse : le Christ est là pour nous montrer qu’il vainc les ténèbres, à nous de le suivre.

 

Loi ontologique :

-          La lumière se manifeste dans la forme ; rien, pas même les forces du mal ne peuvent l’empêcher de briller, d’être

 

  1. 6.                  Paraît un homme, envoyé de Dieu.

Iohanân est son nom

 

Après les hauteurs de la contemplation des premiers versets, nous voici redescendus dans la vallée de l’Histoire.

Comme dans la vie, flux et reflux, le rythme de l’Evangile de Jean suit les mouvements du Souffle (aller et retour, entrées et sorties comme le disent les chinois).

Dans le Prologue, Jean (le Baptiste) nous apparaît comme l’archétype de l’Envoyé, du premier « apôtre » (apostalmenos nous dit le texte) et du témoin.

De la même façon que le Logos est tourné vers Dieu, Jean-Baptiste est tourné vers le Logos, il est « Ad-verbum ». Les mystiques rhénans le présenteront comme « l’adverbe » par excellence.

Iohanân est son nom (on schemô Iôhanan) ce qui veut dire : « Celui à qui Dieu fait grâce » :

(io : même racine que le tétragramme ; Anan qui donnera « Anne » : la grâce).

 

La Grâce c’est la possibilité d’être tourné vers, de sortir de soi-même, pour l’autre dans la Présence du Saint Esprit.

L’identité d’un être est dans sa mission : elle est dans son nom, comme le NOM est en nous.

 

Loi ontologique :

-          Le NOM divin est inscrit en nous

-          Notre identité est révélatrice de notre mission sur terre

 

 

  1. 7.      Il vient comme Témoin (martus)

Pour rendre témoignage (marturèsé) à la Lumière,

Afin que tous y adhèrent (pistéusosin) avec lui.

 

Le grec « martus » qui donnera le mot « martyr » traduit le verbe  hébreu de la famille « he-id » : attester la vérité de…

Le rôle de Jean, c’est donc de témoigner afin que tous puissent adhérer, expérimenter avec lui la Lumière.

Le verbe grec « pisteuein » qui est traduit la plupart du temps par « croire », avoir la foi, essaie de rendre le verbe hébreu « aman » « amîn » qui donnera « amen » : « être certain de la vérité de ...ne faire qu’un avec…adhérer.

Nous sommes donc appelés à faire ce même mouvement vers la lumière, vers le Logos, vers Dieu, appeler à y adhérer avec lui.

 

Loi ontologique :

-          Pour que la lumière divine puisse se révéler , nous devons nous tourner vers elle et la transmettre par la Parole afin que tous y croient.

 

 

  1. 8.      Il n’est  pas la lumière

Mais le témoin de la Lumière

 

Le rapport de Jean-Baptiste au Christ est souvent comparé au rapport qui existe entre le Lune et le Soleil. La lune n’est pas source de lumière, mais reflet de la lumière.

Le Prologue nous avertit de ce danger qui consiste à prendre quelquefois le reflet pour la lumière.

C’est la même chose dans l’expérience intérieure. On peut s’illusionner et prendre les signes précurseurs de la Réalisation pour la Réalisation elle-même : une certaine sagesse, un certain calme, une certaine clarté d’esprit ne sont pas encore la Lumière.

Alors viendra cette parole merveilleuse de Jean-Baptiste « Il faut qu’il croise et que je diminue » !

Merveille !

Nous avons là encore avec un mouvement « d’entrée et sortie », de retrait (est ce un nouveau « tsimtsoum » ?), un shabbat à la charnière du retournement qu’implique l’opération d’accomplissement de l’inaccompli à l’accompli.

Jésus dit à Nicodème « En vérité, en vérité je te le dis, à moins de naitre de nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu » « à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu ».

Il y a quelques années lorsque je terminais mes études de Qi Gong, je choisissais comme sujet « le Retour à l’Unité » et avais déjà cité ce passage de l’Evangile de Jean tant il résonne en moi comme étant ce dont les alchimistes taoïstes parlent sous le nom de « faire naître l’enfançon » dans leur quête de « l’immortalité », la Vie Eternelle (une part est déjà en nous) ce dont Jésus nous parle « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme, afin que quiconque croit ait en lui la vie éternelle…mais celui qui fait la vérité, vient à la lumière afin qu’il soit manifesté que ses œuvres sont faites en Dieu » Jean 3 

 

Alors, essayons d’opérer ce « retournement » avec Jean, afin « qu’il croise et que je diminue ».

En langage jungien on dirait : l’importance du moi doit se relativiser pour laisser la place au Soi…

Jean Tauler commentera cette parole en disant que le nom secret de Jean-Baptiste est « Non Sum » « je ne suis pas » tandis que le Nom secret du Christ , c’est « Ego Sum » « JE SUIS ».

Ce « Non Sum » est la condition même pour que se réalise en nous la présence de « l’Ego Sum ».

Cette expérience est aussi vécue par Catherine de Sienne, quand le Christ lui dira : »Je suis celui qui Est, tu es celle qui n’est pas ».

Jean-Baptiste n’est pas la lumière, il porte la lumière. Faisons nous « capax Dei » capable de Dieu afin que s’accomplisse en nous le Mystère de l’Eau et du Feu, celui que les pratiquants de Qi Gong connaissent sont le nom de Kan et Li, après les eaux du baptême (les eaux matricielles de la Genèse), la venue de l’Esprit sous la forme de langue de Feu (matrice de Feu).

Remarquons encore avant de revenir au Prologue dans la lettre que directement  après avoir fait une comparaison avec le serpent de Moïse à fin du chapitre 3, l’évangéliste passera au chapitre 4 près de la terre de Sychar, « là où se trouvait la source de Jacob » là où « Jésus, fatigué par la marche, se tenait assis tout contre la source. » Et Jean précise « C’était environ la sixième heure » .

Divin Mystère qui nous ramène à Berechit , terme qui révèle aussi un autre secret « shith » = 6 qui s’écrit avec SHIN-YOD-TAV !) et « bara » = créer (BEITH RESH ALEPH !) /

« il créa six »…

« mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent » (Mat 7,13)

Il va être difficile de rentrer par « la porte étroite »…( c’est le secret du lien entre « schin ש » et « Bai Hui » mon Dieu par quel mystère trouve t’on les mêmes principes en Orient et en Occident pour qui veut les voir avec les yeux du Cœur ?)

 

Loi  ontologique :

-          Nous devons nous défaire de l’ego afin de devenir miroir de Dieu

-          Cette opération demandera de nombreuses transformation intérieure (comparable au travail de la Forge)

 

 

  1. 9.      Le logos est la lumière véritable

Qui éclaire tout homme.

To phos to alethinon (héb. : ôr emet)

Photizei panta anthropon

 

Jean-Baptiste est le miroir qui reflète la Lumière, mais la Lumière Véritable : c’est le LOGOS.

Cette Lumière éclaire « tout » homme (chrétiens, hommes de foi, et tous les hommes).

Cette Parole est importante : tout homme est habité par le Logos et dans ce sens « tout ce que nous faisons au plus petit de nos frères, c’est à Lui que nous le faisons » (à lui, et…à nous).

A la suite des Pères de l’Eglise qui parlait du « sperma Theou » « semences du Logos), St Thomas d’Aquin disait « Toute parole de vérité, quelle que soit son origine, est inspirée de l’Unique Esprit Saint ».

Car oui, « il y a au milieu de nous quelqu’un que nous ne connaissons pas » (ref. parole de Jean-Baptiste).

Il s’agit de s’éveiller à ce qui est là dans les profondeurs de l’Etre et qui est donné de toute Eternité.

Il est souvent difficile de reconnaître le même dans l’autre, sans songer à détruire son altérité. Pourtant St Paul nous dit « Or vous êtes vous, le corps du Christ, et membres chacun pour sa part » (1 Cor 27).

Mais attention là , il ne s’agit pas de tout confondre, car il existe plusieurs plans de révélation. Ouvrir son cœur et son esprit avec discernement. Car il n’y a pas de véritable ouverture sans véritable enracinement.

Il faut « éprouvez les esprits pour voir s’ils viennent de Dieu » (1 Jn 4,1). Et bien sûr s’éprouvez soi-même : mes paroles ou ses paroles viennent telle de la vanité, de la volonté de puissance ou bien de la vérité et de l’amour ? La porte est étroite

 

Heureusement, nous pouvons sans cesse nous relier à la Bonne Nouvelle et nous rappeler avec St Jean que « si nous marchons dans la lumière, comme Il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres… » (1Jn).

 

Loi ontologique :

-          Chaque être humain, même s’il a laissé la place au Mal, est porteur de la lumière Véritable,

-          Nous devons aller à sa rencontre en obéissant aux lois divines

 

 

  1. 10.  Il est dans le monde (kosmos)

Le monde existe par lui,

Le monde ne le connaît pas

 

Le mot « kosmos » traduit l’hébreu « olam » qui signifie la durée indéfinie.

En ce sens, St Jean voulait sans doute nous parler de la venue du Logos dans l’histoire, et nous dire que l’histoire ne lui donne pas sa place. (je pense là aux enseignements du Frère Enzo Bianchi).

Accordons nous aujourd’hui une place à l’Eternel ? A l’infini dans notre finitude ?

Nous pouvons nier l’origine de notre source, mais attention, l’eau même la plus pure croûpit si elle est coupée de sa source. Que se passe-t-il aujourd’hui dans le monde ? La croix du Christ nous montre pourtant qu’il faut dépasser l’horizontalité pour la verticalité.

Sommes-nous encore au jour 6 de la création ?

Rappelons-nous à chaque instant que l’ange Gabriel «fut envoyé par Dieu le sixième mois dans une ville de Galilée du nom de Nazareth à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph… », et que Marie rendit visite à sa cousine Elisabeth, enceinte de six mois…

 

Quand Jean écrit « le monde ne le connait pas », il pense sans doute au peuple d’Israël qui avait reçu la Torah et qui n’a pas reconnu son Seigneur, Mais nous sommes tous le Peuple d’Israël , et là encore c’est à nous que Jean parle, qu’il nous interpelle.

 

Loi ontologique :

-          Pour dépasser notre état de sixième jour (c’est-à-dire inaccompli) nous devons faire shabbat (nous mettre en retrait et opérer un retournement) pour laisser sa Place à Dieu au cœur de notre être (et être accompli). Jour 7 .

 

 

  1. 11.  Il vient chez lui,

Les siens ne le reçoivent pas

 

Voilà pourquoi Jésus nous dit que nous serons jugés selon nos actes. La Parole est vivante et doit être vécue après avoir été reconnue. A quoi sert d’étudier la Parole si on ne la met pas en pratique.

Et là, nous sommes nombreux à être des Pharisiens.

Or, sa Parole est Amour. Nous l’avons vu, Amour et Unité.

Ces versets peuvent aussi être interprété d’une façon philosophique : le « Logos » est chez lui dans l’esprit de l’homme, or l’esprit de l’homme peut se borner à interpréter les écritures par sa seule « raison ».

C’est pour cela que la lectio divina nous dit Frère Enzo Bianchi doit se terminer par la Contemplation. Ouvrons nos portes.

 

Loi ontologique :

Encore une fois : Ouvrons nous en laissant œuvrer sa Parole (créatrice), son Amour sur le chemin de l’Unité.

 

 

  1. 12.  A tous ceux qui le recoivent

A ceux qui croient en son Nom,

Il donne d’être Enfants de Dieu

 

Rappel d’une Révélation « lorsque nous le recevons , c’est à  dire si nous croyons au Pouvoir de son NOM,  il nous donne d’être enfants de Dieu ! ». Oui, nous nous devons d’être « capax Dei » en capacité de le recevoir « Ecoute Israël, Le Seigneur notre Dieu, Le Seigneur est UN « 

Le Chema Israel, la prière la plus importante pour les Juifs nous avertit : nous devons écouter. Nous devons ouvrir nos oreilles à la Parole. En médecine traditionnelle chinoise, l’oreille est en lien avec le système du Rein, système de l’Eau, et organe qui a reçu l’information de l’énergie ancestrale du lien avec le Tout, sa porte est située derrière les Reins (Ming Men) et elle s’ouvre également aux oreilles !

Nous devons le recevoir, nous devons y adhérer, St Jean nous parle là de la Foi, Foi en l’Amour et l’Unité. Alors nous sommes enfants de Dieu.

Loi ontologique :

-          Notre nature est Divine, pour retrouver notre essence divine nous devons :

-          >  étudier et laisser ETRE la Parole de Dieu en nous et croire en son Pouvoir, au POUVOIR du NOM

 

 

  1. 13.  Engendrés,

Ni du sang,

Ni de sa chair,

Ni d’un vouloir d’homme

Mais de Dieu

 

Encore une merveille ! Ainsi donc le Verbe s’est fait chair, pour nous dire que nous sommes enfants de Dieu « engendrés de Dieu » !

 

Ici nouvel écho au passage de l’Evangile avec Nicodème «  à moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est Esprit ». (Jn 3). C’est la nouvelle filiation.

 

Alors passons les différentes matrices, purifions nous, nous ne sommes pas seulement les enfants de nos Parents mais enfants de Dieu. Le Christ est venu nous apporter la Vie Eternelle.

Je ne sais pas aujourd’hui, au stade où j’en suis de mon cheminement, si le Seigneur agréera que je cite ces paroles de la Table d’Emeraude, qui viennent également en écho en moi « Tu sépareras le pur de l’impur…ce qui est en haut est comme ce qui est en bas …pour faire le miracle de la chose une ». A toi, Seigneur je m’adresse en écrivant cela, car tu lis dans mon cœur et tu sais que je sais que chaque parole parle à chacun comme il peut l’entendre, et que je dis cela comme un petit enfant…

 

Martin Buber disait dans « Tales of Hassidim » : Quelle est la pire des choses à laquelle puisse parvenir la puissance du mal (Yetzer) ? Faire oublier à l’homme qu’il est le fils d’un Roi »

 

Rendons nous compte de l’extraordinaire :

Le Logos s’est dépouillé de sa Divinité ; il s’est fait semblable aux hommes ; il leur a montré qu’ils étaient capables d’intelligence et d’amour, sans cesser pour autant d’être des hommes. Avec patience, il a tenté de leur révéler qu’elle était leur véritable identité ! (cf. Jean-Yves Leloup).

 

 

Loi ontologique :

-          Nous devons faire exister notre essence divine dans la PUISSANCE de l’ESPRIT

 

 

  1. 14.  Le Logos a pris chair

Il a fait sa demeure parmi nous

(o logos sarx egeneto)

 

Littéralement, le logos a fait sa genèse dans la chair.

Le grec « sarx » (qui donnera le mot sarcophage) traduit l’hébreu « basar » : la « chair » dans le sens d’humanité (corps et âme), le « basar » étant indissociable de la « nephesh » (l »âme » au degré où elle dynamise le corps).

Ce mot basar, nous l’avions dans la Genèse avec la Création d’Adam et Eve.

Ce même mot basar est d’ailleurs le synonyme d’ »Adam » : le « glaiseux ».

Ainsi donc le Logos s’est fait Adam, avec le Christ, nouvel Adam, l’Eternel est entré dans le Temps.

La matière est ici à jamais sanctifiée, elle est demeure de Dieu, en Adam, c’est-à-dire en chacun de nous, la terre est comme au ciel.

Il a fait sa demeure parmi nous « Eskenosen en èmin » : littéralement : il a planté sa tente en nous , le grec « skèné » traduit l’hébreu « ôhal » , la tente.

 

Nous avons là un nouveau rappel de l’Ancien Testament et de la Tente au désert, mémoire de l’Alliance où les Hébreux gardaient la Thora.

Désormais comprenons bien, comme le précise Frère Enzo Bianchi : la Bible n’est pas la Parole de Dieu, elle contient la Parole de Dieu (ceci pour nous garder de tout fanatisme). Mais en prenant chair, le Verbe a trouvé sa demeure dans notre chair, de toute éternité , le corps contient cette information de la Présence Divine : ceci est Ontologique !

 

On peut aussi et enfin remarquer que la Tente n’est qu’une demeure « de passage ».

Alors « dépouillons nous du vieil homme pour revêtir l’homme nouveau  et faire de notre corps le Temple du Seigneur ».

 

  1. 15.  Nous avons vu sa Gloire,

Pleine de Grâce et de Vérité

Présence filiale – monogène

Qu’il tient du Père

 

Ici la signification du mot Gloire me semble plus proche de la source avec le terme hébreu « Kavod » qui signifie littéralement « le poids », le poids de Dieu dans la Présence, sa Majesté, Splendeur, recevoir. Le mot grec « doxa » nous parle de renommée , réussite.

Au Sinaï, la Gloire de YHWH prenait la forme d’une flamme couronnant la montagne.

Ici, sa présence se fait dans le Fils, dans sa relation Unique au Père.

Une relation ininterrompue avec celui qu’il appelle son Père et notre Père. Ici, comme au commencement, nous devons laisser la place à l’œuvre de l’Esprit pour que les enfants dispersés du Père, soit réunis en sa Gloire, unifiés.

La Grâce de Dieu est miséricorde penchée sur la misère (hen), fidélité généreuse aux siens (hessed), solidité inébranlable dans ses attachements (émet-vérité), tendresse du cœur (rahamim), justice inépuisable…On voit là toute la richesse de l’hébreu, grâce sera traduit en grec par « charis » qui donnera les mot charisme et charité.

En français, grâce vient du latin « gratia » qui désigne à la fois la source du don chez celui qui donne et l’effet du don chez celui qui reçoit.

Il y a aussi l’idée de gratuité et de beauté.

L’Esprit Saint est aussi « Esprit de Vérité ». Se tenir dans la Vérité, c’est s’éveiller sans cesse, en restant vigilant (sens de « aletheia »)

Le premier commandement « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton esprit, de tout ton cœur, de toute ton âme » a pour but de nous réunifier, « monogénéïser .

 

 

Loi ontologique :

-          Le Logos s’est incarné pour nous remettre en relation avec son Père, et nous donner la possibilité d’accès à sa Gloire, dans l’Esprit de Vérité.

 

« Choisis la Vie », nous sommes libres de par la volonté divine de suivre ou pas son enseignement. De suivre le chemin qu’il nous a proposé depuis l’ancienne alliance, qui est de se faire « Ressemblance » « Image de Dieu » dans le Fils.

C’est par la personne du Christ que la voie nous est ouverte. Il est la porte.

 

Devant une telle grandeur, cultivons notre humilité. Labourons notre jardin. Œuvrons. Travaillons dans le respect des Lois de Dieu.

 

Sur ce chemin, nous ne manquerons pas de rencontrer le Serpent sous toutes ses formes. Appuyons nous sur les Colonnes du Temple. Rendons Grâce. Demandons Grâce.

Nous disposons « du bouclier de la foi », du « casque du salut » et du « Glaive de l’Esprit qui est la Parole de Dieu ».

Appuyons nous sur le Christ.

 

 

Sources :

 

-          La Bible interlinéaire

-          La Torah (traduction en ligne du Rabbinat, commentaires de Rachi)

-          L’évangile de Jean (traduit et commenté par Jean-Yves Leloup d’après la Vulgate)

-          L’évangile de Jean, Alain Marchadour

-          Le Zohar, Charles Mopzik

-          Extrait de la Septante de St Jérôme (en ligne)

-          Ecouter la Parole, les enjeux de la Lectio Divina d’Enzo Bianchi

-          St Jean Cassien de Sr Marie Ancilla

-          Alliance de Feu, Annick de Souzenelle

-          Dao de Jing

-          Les enseignements de Liu Dong

 

 

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Commentaires
Dag50
  • Profite de la vie ! Confiance ! Mathieu 22,36-39 "« Quel est le grand commandement dans la Loi ? » Jésus lui déclara : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée."
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